Technique de placage bord-à-bord

La marqueterie de paille est une technique de placage utilisant la paille aplatie comme matériau. La tradition française est bord-à-bord, c'est-à-dire qu'aucun espace ne subsiste entre deux brins de paille et qu'un brin de paille n'en recouvre un autre. Ce placage peut être un dessin abstrait, figuratif, ou simplement uni, jouant avec les teintes et le sens des lignes de la paille.

Le placage ainsi réalisé peut recouvrir des boîtes, des meubles, des cadres, etc. ou se montrer comme matériaux principal d'un objet d'art : tableaux, horloges murales, bijoux...

La spécialité de la paille est de briller naturellement. Une fois aplatie, elle reflète la lumière selon le sens du fil de la paille. C'est pourquoi la marqueterie de paille fait jouer l'orientation du fil autant que la couleur, comme pour le tissu.

Aucune peinture, aucune encre, même indélébile, ne tient sur la paille. C'est pourquoi il faut la teinter dans la masse, c'est-à-dire la tremper dans des bacs de teinture.

Une tradition longtemps restée dans l'oubli

De tout temps la paille a servi de matériau de décoration. La marqueterie de paille spécifiquement est un art qui s'est développé dans les bagnes de France à partir du XVIIe siècle avant de décliner après la fermeture des bagnes.

La technique a pu être importée de Chine, où la marqueterie de paille est une tradition ancienne. Elle peut tout aussi bien être un dérivé de la marqueterie de bois qui s'utilise parfois dans la méthode bord-à-bord et jouant avec les textures de bois pour réaliser des dessins à l'instar de la marqueterie de paille.

La plupart des objets anciens (boîtes, étuis) en marqueterie de paille datent de cette époque.

La technique a presque disparu à la fin du XIXe siècle.

Elle est réapparue dans les années 1930 sous l'impulsion de deux décorateurs, Jean-Michel Franck et André Groult, qui l'ont exploitée pour du mobilier de salon : paravents, tabourets, murs... dans un style plus moderne. Le célèbre motif en soleil vient d'eux.

Un art modeste

À l'époque, elle pouvait être considérée comme « la marqueterie du pauvre » exploitant le matériaux le plus commun qui soit au lieu du matériau précieux qu'était le bois rare utilisé pour la marqueterie de bois. Néanmoins, la paille se prête plus volontiers à une finesse accrue de traits et de motifs, permettant l'ornement de petits objets. La paille se marquette mieux sur une boîte et le bois sur un meuble. Question d'échelle.

Néanmoins, la marqueterie de paille impose une « barrière à l'entrée » bien plus faible que la marqueterie de bois, autant sur les matériaux que sur les outils. C'est le talent et la patience qui seuls font la valeur, moins que le capital, la ressource matérielle et la connaissance.

Regain depuis 30 ans

Le regain de la marqueterie de paille depuis 30 ans doit beaucoup au travail de Lison de Caunes, marqueteuse de paille à Paris et petite-fille d'André Groult qui fabrique et restaure des marqueteries de paille anciennes et modernes.

Pour plus d'informations sur l'histoire de la marqueterie de paille, visitez l'excellent site de Gérard Morin.